La nouvelle vie de Ndohondi Banyanga

Alors que des conflits armĂ©s continuent Ă  l’est de la RĂ©publique DĂ©mocratique du Congo, des milliers de personnes qui ont Ă©tĂ© obligĂ©es de fuir leur maison, luttent pour leur survie dans des camps de dĂ©placĂ©es aux alentours de la ville de Goma. Parmi elles, quelques centaines de personnes vivant avec handicap qui ont Ă©tĂ© obligĂ©es de parcourir des dizaines de kilomĂštres Ă  pieds depuis leurs villages. Ndohondi Banyanga en fait partie. ObligĂ©e de loger dans un hangar qu’elle partage avec 38 personnes vivant avec handicap au camp de Mugunga 3,  Ndohondi explique qu’elle ne saurait garantir la survie de  ses enfants sans le soutien de  HEAL Africa. « Avant, Ă  cause de mon handicap, je ne faisais que mendier pour pouvoir nourrir mes enfants, mais maintenant HEAL Africa nous a non seulement apporté  de la farine, de haricots, de l’huile, des bois de chauffes ;  mais surtout, HEAL Africa est entrain de me  soigner, et je pense que je vais guĂ©rir ». Ndohondi a eu des malformations congĂ©nitales de ses deux pieds depuis sa naissance, ce qui l’a toujours empĂȘchĂ© de se dĂ©placer facilement.

Lorsque la guerre a commencĂ© dans son village de Kibati en Mai 2012, Ndohondi a fui avec ses enfants vers le camp de Kanyaruchinya, un camp de dĂ©placĂ©es situĂ©e Ă  12 kilomĂštres au Nord de la ville de Goma. En novembre, quand les rebelles du Mouvement du 23 Mars(M23) se sont dirigĂ©s vers Goma, Ndohondi et  ses cinq enfants ont dĂ» encore une fois reprendre la route.  Le camp de Kanyaruchinya, oĂč elle s’était refugiĂ©e depuis plusieurs semaines s’est vidĂ© subitement de ses 30 000 dĂ©placĂ©es. « Les gens commençaient Ă  fuir, j’ai demandĂ© Ă  mes enfants d’aller avec leur grand-mĂšre puisque je ne pouvais pas suivre le rythme de leur pas. A un moment donnĂ©e, je me suis senti trĂšs fatiguĂ©, c’est ainsi que j’ai demandé  de l’aide Ă  un motard qui passait, c’est lui qui m’a amenĂ©e jusqu’à un centre oĂč une ambulance de HEAL Africa m’a pris pour m’amener ici au camp » , raconte Ndohondi.

Depuis, elle s’est installĂ©e au camp de Mugunga 3 avec ses enfants. Comme   il n’y a pas assez de place pour hĂ©berger ses cinq enfants dans le hangar oĂč elle reste, le soir, deux de ses enfants vont aller loger avec leur grand-mĂšre dans une petite hutte de bĂąche Ă  cotĂ©. « Parfois quand il pleut la nuit, j’ai peur pour mes enfants, ils risquent de tomber malade Ă  cause du froid ».   Mais en dĂ©pit de cette  situation, Ndohondi a une raison de penser que la vie au camp des dĂ©placĂ©s n’a pas eu que des inconvĂ©nients : « A Kibati, je vivais seulement par la mendicitĂ© parce que je ne pouvais pas travailler avec mon handicap, mais maintenant je viens d’ĂȘtre soignĂ©, et si je guĂ©ris, je crois que je vais commencer Ă  travailler aussi, et nourrir mes enfants »  indique-t-elle.

Ndohondi, 37 ans, fait partie d’une dizaine des personnes dĂ©placĂ©es dont les malformations congĂ©nitales ont Ă©tĂ© soignĂ©es Ă  l’hĂŽpital de HEAL Africa grĂące Ă  un programme appuyĂ© par l’organisation Christian Blind Mission (CBM). «  Les mĂ©decins de HEAL Africa sont arrivĂ©s au camp, ils nous ont amenĂ© Ă  l’hĂŽpital, nous avons Ă©tĂ© soignĂ© pendant trois semaines, puis nous sommes revenus ici ».

Depuis lors, Ndohondi porte des plĂątres jambes sur ses deux pieds, elle ne peut donc pas se mettre debout, elle reste des journĂ©es entiĂšres Ă©tendues sur un matelas amĂ©nagĂ© Ă  mĂȘme le sol, et parfois cela l’inquiĂšte : « Ce qui me fait peur, ce que si la guerre arrive encore ici, je ne saurais pas fuir parce que je ne peux pas quitter ce matelas ».

Mais en dĂ©pit de cette peur, Ndohondi a choisi de se prĂ©parer pour un avenir sans handicap, elle passe ses journĂ©es Ă  apprendre Ă  fabriquer des paniers. Une autre femme vivant avec handicap qu’elle a rencontrĂ© dans son hangar s’est portĂ©e volontaire pour l’initier dans ce mĂ©tier « Quand je serais complĂštement guĂ©rie, je vais commencer Ă  fabriquer et vendre des paniers,  je pense que cela va me permettre de garantir la survie de mes enfants », explique Ndohondi, dĂ©sormais optimiste, quant Ă  son avenir, et Ă  celui de ces cinq enfants.